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6. La revalorisation de l'accueil familial de jour

En tant que préambule, il convient de préciser que des structures de coordination de l’accueil familial de jour (ci-après AFJ) sont instaurées dans les réseaux avec la responsabilité de gérer les placements d’enfants et de collaborer dans ce domaine avec les communes ou associations de communes. 


Dans le cadre du RAT, les communes ont confié au Réseau et à son Comité de Direction la compétence d’autorisation et de surveillance de l’Accueil Familial de Jour, au sens de l’art. 6 al. 3 de la LAJE. A noter également que le dispositif de l’accueil familial de jour du RAT, avec ses quelque 680'000 heures d’accueil prestées par année, est le plus grand du canton. L’AFJ du RAT demeure complémentaire aux structures d’accueil collectif. En outre, il est aujourd’hui indispensable au bon fonctionnement du réseau. En effet, sans ce dispositif important, cela serait difficile de faire face à la demande spécifique des parents, les accueillantes permettant de répondre favorablement à la demande des parents avec flexibilité et sans infrastructure fixe. A titre de comparaison, il faudrait créer 7 à 8 structures d’accueil de 44 places chacune pour pallier le volume d’accueil de l’AFJ du RAT.

Le Canton de Vaud ne permet pas d’exercer cette activité professionnelle en qualité d’indépendante et les AMF doivent donc être rattaché.e.s à un réseau et disposer d’une autorisation d’exercer. Durant les dernières années, cette activité s'est transformée en une véritable profession. 


Travailler dans ce domaine implique de suivre une formation d'introduction et de s'engager à participer à des soirées de formation chaque année. Au demeurant, ce métier manque de valorisation, s’agissant d’absence de formations certifiées au niveau fédéral et cantonal. En outre, les conditions d’emploi et salariales sont précaires. En effet, le revenu des AMF dépend du nombre d’enfants placés et peut donc varier d’un mois ou d’une année à l’autre. Il consiste en une rétribution horaire par enfant gardé. Si les revenus sont variables, le régime perte de gain est par là-même défavorable, puisqu’il repose souvent sur la moyenne des gains annuels. Enfin, le logement des personnes concernées doit respecter les exigences du cadre de référence.

Les données statistiques ainsi que les remontées d’information de la part des réseaux d’accueil témoignent d’une lente érosion du nombre des AMF et ce depuis 2015. En revanche, les chiffres attestent du maintien de nombre de places d’accueil mises à disposition et une stabilité du taux de couverture (nombre de places plein temps pour 100 enfants). Ce qui suppose qu’une activité jadis considérée comme accessoire devient une activité à titre principal. Une étude menée en 2020 le confirme que le taux d’activité travaillé représente en moyenne un EPT de 80%.

La FAJE, qui a pour responsabilité de subventionner ce secteur également, a considérablement renforcé les contributions financières pour permettre aux réseaux d’améliorer les conditions salariales et d’emploi. En contrepartie de l’amélioration dudit subventionnement, les réseaux ont adopté un plan de développement de l’AFJ intégrant des mesures de revalorisation pour le personnel. Ce qui a été largement réalisé, même s’il reste encore des progrès à accomplir. En 2020, une étude était lancée avec le soutien de statistique Vaud pour mieux cerner le profil socio-professionnel des AMF et leurs conditions d’emploi

L’enquête « tord le cou » à certains préjugés et fait néanmoins apparaître un double profil de cette population. A côté de personnes allophones, ayant terminé leur scolarité obligatoire, et exerçant cette activité pour disposer d’un revenu d’appoint, on rencontre une majorité de suissesses (56.4%) formées (près de 60% ont une formation secondaire ou tertiaire, mais pas dans le domaine de la petite enfance). Les personnes exerçant cette activité ont en moyenne 45 ans et entrent dans la profession à 37.5 ans. 


La réalité en matière de modalités d’accueil de jour des enfants est que la majeure partie des ménages parentaux opte pour un accueil collectif, en particulier lorsque les parents ont un degré élevé de formation. Leur conviction est que la prise en charge pédagogique de l’enfant est de meilleure qualité en accueil collectif, dans la mesure où le personnel encadrant dispose de formations spécifiques en matière d’éducation de la petite enfance. 


Par ailleurs, le cadre collectif est perçu comme plus sécurisant, l’enfant étant placé dans un environnement répondant à des normes techniques et bénéficiant d’une équipe éducative. Cela relève d’une méconnaissance quant à l’encadrement dont bénéficient les AMF. Celles-ci suivent des formations et ne sont pas livrées à elles-mêmes puisqu’elles peuvent recourir en tout temps à de leurs coordinatrices. D’ailleurs, la valeur pédagogique est passée d’un statut informel à une obligation formelle, puisque le cadre de références a été révisé, contraignant le RAT à élaborer un concept pédagogique à mettre en œuvre par le personnel concerné. Finalement, la formation de base est en voie de renforcement.


Cela étant dit, le constat est que s’il n’est pas choisi par défaut (par manque de places en collectif), l’AFJ profite aux parents qui ont besoin de plus de flexibilité dans les horaires d’accueil, qui se sentent rassurés par la proximité de l’accueil à domicile du modèle familial. Le facteur prix jouant peut-être aussi un rôle dans le choix, l’accueil en milieu familial étant meilleur marché que l’accueil collectif.


L’ensemble des acteurs concernés par l’accueil de jour des enfants est convaincu qu’il s’agit non de la développer mais de consolider l’offre d’accueil familial qui répond à certaines catégories de besoins, tant du côté des parents que des enfants. 


Il s’agit donc de stopper l’érosion des AMF en promouvant cette activité. Cela se fait bien sûr au travers de l’ensemble des mesures mises en place, déjà citées ; mais aussi au travers d’une revalorisation de l’image de cette activité, afin de mettre en lumière les apports spécifiques de cet accueil (au regard des parents placeurs) et de susciter des vocations du côté des AMF potentiel·le·s. Il s’agit de travailler sur deux axes : d’une part la valorisation de l’existant ; d’autre part, une image « renouvelée » d’une activité en perpétuelle transformation. Le discours véhiculé doit être changé. 


C'est pourquoi la FAJE et des réseaux d'accueil, dont le RAT, collaborent activement pour mettre en place une campagne de communication à l'échelle cantonale, prévue pour le second semestre 2024.

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